Films et livres
Podcast : Female gaze, ce que vivent les femmes
Iris Brey expose le coeur de sa thèse sur le regard féminin à l’écran : à quoi peut-on le reconnaître ? Qu’est-ce que cela change à notre expérience de spectateurice ? Pourquoi est-ce qu’il ne s’agit pas d’une censure, mais au contraire d’une chance pour l’art cinématographique ? Le female gaze n’est pas l’inverse du male gaze, il peut être produit quel que soit le genre du réalisateur ou de la réalisatrice. Il ne s’agit pas d’objectifier les hommes comme on objectifie les femmes, mais bien de tout réinventer : la manière de filmer, de raconter des histoires, de les évaluer en terme critique… et d’enseigner le cinéma !
Le livre d'Iris Brey : « Le regard féminin : une révolution à l’écran »
Podcast : la réappropriation du corps par la danse – Miroir Miroir (2019)
Le corps a toujours été un instrument de contrainte et de déshumanisation des femmes. C’est pourquoi le professeur et « artiviste » Bolewa Sabourin a fait, à l’inverse, de la danse un outil de reconstruction pour les femmes qui ont souffert de violences sexuelles, en France et au Congo. Co-fondateur de l’association LOBA, il travaille en tandem avec des psychologues pour libérer la parole par le corps, pour dépasser des blocages physiques ou affectifs. Son parcours, il le raconte dans « La rage de vivre », un ouvrage co-écrit avec le journaliste Balla Fofana, également invité de cet épisode. L’occasion d’aborder avec eux les stéréotypes toujours présents lors de la représentation des masculinités noires dans les médias.
Extrait :"Le corps a toujours été utilisé pour contraindre psychologiquement les femmes et le passage par le corps pour se libérer est donc du bon sens. Il s'agit de repasser par lui pour se réapproprier sa narration et sa psyché". Bolewa Sabourin
Papicha - Mounia Meddour (2019)
Alger, années 90. Nedjma, 18 ans, étudiante habitant la cité universitaire, rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux " papichas ", jolies jeunes filles algéroises. La situation politique et sociale du pays ne cesse de se dégrader. Refusant cette fatalité, Nedjma décide de se battre pour sa liberté en organisant un défilé de mode, bravant ainsi tous les interdits.
Portrait de la jeune fille en feu (2019)
1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.
Euphoria of Being - Réka Szabó (2019)
Le film met en scène Éva Fahidi, une veille femme hongroise qui a été deportée à Auschwitz en 1944 alors qu’elle n’avait que 18 ans. Sa famille entière y est morte, y compris ses parents et sa sœur, ce qu’elle décrit dans son livre « The Soul of Things ». La réalisatrice et danseuse Réka Szabó s’est intéressée de très près à son histoire et l’a contacté pour lui proposer de danser dans une pièce à propos de sa vie, aux côtés d’une jeune danseuse, Emese Cuhorka. Szabó filme tout le processus, depuis les premières rencontres entre les deux personnages principaux, jusqu’au développement de la pièce pendant les répétitions, jusqu’à la première performance de « Sea Lavender or The Euphoria of Being ». Le documentaire parle également de la naissance de cette amitié intime entre les trois femmes. Doucement, tous les souvenirs de Fahidi reviennent à la surface, et peu à peu, elle accepte de porter ce trauma qui l’a toujours habité.
Nanette - Hannah Gadsby (2018)
L’humoriste australienne Hannah Gadsby s’affranchit du stand-up traditionnel en alternant blagues et révélations troublantes sur les genres, la sexualité et son enfance.
Extrait :« Toute ma vie on m’a dit que je détestais les hommes, c’est faux, je ne déteste pas les hommes. Mais il y a un problème. Je ne pense pas que les femmes soient supérieures aux hommes. Elles sont aussi corruptibles que les hommes. Mais l’histoire est telle que les hommes la raconte. Le pouvoir leur appartient. Et les mecs, si vous n’acceptez pas la critique et ne supportez pas les blagues à votre égard, demandez-vous si vous êtes à la hauteur de votre pouvoir. Je ne hais pas les hommes mais je me demande comment ils réagiraient à ma place. C’est un homme qui a abusé de moi quand j’étais petite. C’est un homme qui m’a tabassé à 17 ans, ce sont deux hommes qui m’ont violé quand j’avais à peine 20 ans. Dites-moi en quoi c’est acceptable ? Il aurait été plus humain de me tirer une balle dans la tête, si c’est un tel crime d’être différente. Je ne vous dis pas ça pour être perçue comme une victime. Je ne suis pas une victime. Je vous partage mon histoire car elle a de la valeur et que je veux qu'elle soit entendue. »
Ouvrir la voix – Amandine Gay (2018)
Ouvrir La Voix est un documentaire sur les femmes noires issues de l'histoire coloniale européenne en Afrique et aux Antilles. Le film est centré sur l'expérience de la différence en tant que femme noire et des clichés spécifiques liés à ces deux dimensions indissociables de notre identité "femme" et "noire". Il y est notamment question des intersections de discriminations, d'art, de la pluralité de nos parcours de vies et de la nécessité de se réapproprier la narration.
La place de l’homme - Coline Grando (2017)
Des hommes de 20 à 40 ans, confrontés à une grossesse non prévue et le plus souvent interrompue, dévoilent leurs ressentis et réflexions sur cet événement. A travers ces récits de vie, c’est la place de l’homme dans les rapports femmes/hommes que le film questionne.
Sacred Water – Olivier Jourdain (2017)
Guidé par Vestine, star extravagante des nuits radiophoniques, le film part à la découverte de la sexualité rwandaise, en quête de l'eau qui jaillit du corps des femmes et nous dévoile avec humour et spontanéité le mystère de l'éjaculation féminine.
Sacred Water confronte le public occidental à sa propre intimité et l’immerge dans la société rwandaise d’aujourd’hui par le biais de son héritage le plus secret: le plaisir féminin.
Très intime – Solange (2017)
Elles ont entre 18 et 46 ans. Solange s’invite dans leur chambre à coucher. Elle leur demande comment ça se passe, concrètement, dans leur vie sexuelle et affective. Directes, caustiques, réjouissantes, lucides, elles n’éludent ni les libidos en berne, ni les petits arrangements avec soi-même, ni les abus. Elles disent tout, elles le disent bien, avec les vrais mos, et ça secoue.
Extrait :« Quand j'ai connu Ulysse, au début, quand j'allais dormir chez lui, je disais que j'allais dormir chez ma meilleure amie. Ma belle-mère s'en est rendu compte très rapidement, et elle m'a mis devant le truc : "Bon, en fait, tu vas dormir chez ton copain, c'est ça ?". Et moi j'étais en mode : "Han, mon Dieu, mais comment elle sait ?" Et donc je lui ai dit. Au début, elle a pris un ton assez "Bon, c'est pas grave", à rigoler, etc. Elle a dit : "Mais il faudrait que tu en parles à ton père." Et quand j'en ai parlé à mon père, là, ça s'est très mal passé, c'est à dire qu'elle a complètement changé de discours. Je ne sais pas si elle avait réfléchi ou quoi, mais en gros elle a dit que j'avais passé la nuit avec un garçon, que c'était pas bien, non pas que c'était pas bien en soi, mais que c'était pas bien de ne pas les avoir prévenus, parce que j'aurais pu tomber enceinte, et là c'est eux qui auraient été responsables, qu'il fallait que je prenne la pilule - ce dont je n'avais pas spécialement envie, mais je n'ai pas tellement eu le choix. Le deal, c'était que je n'avais pas le droit de retourner dormir chez Ulysse tant que je n'avais pas pris de rdv avec un gynéco. (Soupir). Tant que je ne prenais pas la pilule, c'était genre j'avais de gros risques de tomber enceinte. En fait ce qui m'a énervée, c'est surtout qu'ils me prenaient pour une cruche, quoi. Càd que je ne savais pas prendre mes décisions toute seule et qu'on pouvait pas me laisser un peu d'indépendance parce que j'allais pas me protéger etc. J'ai eu beau essayer de leur expliquer calmement qu'il y avait quand même deux ou trois autres méthodes possibles, il n'y a rien eu à faire. Du coup, je n'ai pas réussi à m'opposer à eux. En fait, dans l'absolu, la pilule, je n'y étais pas opposée fermement, càd que prendre la pilule à un moment ou à un autre, j’allais le faire, mais qu’on me mette devant le truc en m’obligeant à le faire là, maintenant, tout de suite, et pas parce que moi je l’avais choisi mais parce que eux considéraient que c’était bien, j’ai vraiment vécu ça comme une intrusion. »
Madeleine (18 ans)
Venus : confessions à nu - Mette Carla Albrechtsen, Léa Glob (2016)
Au Danemark, deux réalisatrices trentenaires lancent un appel à casting féminin pour un film érotique basé sur des expériences réelles. Une centaine de candidates, de leur âge ou plus jeunes, répondent spontanément à l'annonce. Dans un studio improvisé, les auditions commencent sous forme de dialogues entre les filmeuses et celles qui leur font face, une à une. Mais le dispositif du casting prend la tournure imprévisible d'une agora, les jeunes femmes interrogées s'emparant des questions posées pour s'exprimer sans détour ni fausse honte sur leur expérience et leur perception de la sexualité.
L'homme qui répare les femmes - Thierry Michel et Colette Braeckman (2015)
Prix Sakharov 2014, le Docteur Mukwege est internationalement connu comme l’homme qui répare ces milliers de femmes violées durant 20 ans de conflits à l’Est de la République Démocratique du Congo, un pays parmi les plus pauvres de la planète, mais au sous-sol extrêmement riche. Sa lutte incessante pour mettre fin à ces atrocités et dénoncer l’impunité dont jouissent les coupables, dérange. Fin 2012, le Docteur est l’objet d'une nouvelle tentative d’assassinat, à laquelle il échappe miraculeusement. Menacé de mort, ce médecin au destin exceptionnel vit dorénavant cloîtré dans son hôpital de Bukavu, sous la protection des Casques bleus des Nations unies. Mais il n’est plus seul à lutter. A ses côtés, ces femmes auxquelles il a rendu leur intégrité physique et leur dignité, devenues grâce à lui de véritables activistes de la paix, assoiffées de justice.
Human extended - Yann Arthus-Bertrand (2015)
Human est un diptyque de récits et d’images de notre monde pour créer une immersion au plus profond de l’être humain. À travers les témoignages remplis d’amour, de bonheur, mais aussi de haine et de violence, Human nous confronte à l’Autre et nous renvoie à notre propre vie. De la plus petite histoire du quotidien, jusqu’aux récits de vie les plus incroyables, ces rencontres poignantes et d’une sincérité rare, mettent en lumière ce que nous sommes, notre part la plus sombre mais aussi ce que nous avons de plus beau et de plus universel. La Terre, notre Terre, est sublimée au travers d’images aériennes inédites accompagnées de musique tel un opéra, qui témoignent de la beauté du monde et nous offrent des instants de respiration et d’introspection. Human est une œuvre engagée qui nous permet d’embrasser la condition humaine et de réfléchir au sens même de notre existence.
Before we go - Jorge Leon (2014)
Bruxelles. Opéra de la Monnaie. Trois personnes en fin de vie rencontrent des chorégraphes, acteurs et musiciens. Ils participent à une expérience unique où se mêlent musique, danse et silence. Leur quête prend la forme d’un hommage rendu à la fragilité humaine, entre réel et représentation, corps tragiques et esprits libres. Ensemble, ils questionnent leur propre rapport à la mort.
Les invisibles - Sébastien Lifshitz (2012)
Des hommes et des femmes, nés dans l'entre-deux-guerres. Ils n'ont aucun point commun sinon d'être homosexuels et d'avoir choisi de le vivre au grand jour, à une époque où la société les rejetait. Ils ont aimé, lutté, désiré, fait l'amour. Aujourd'hui, ils racontent ce que fut cette vie insoumise, partagée entre la volonté de rester des gens comme les autres et l'obligation de s'inventer une liberté pour s'épanouir. Ils n'ont eu peur de rien.
Desert Flower - Sherry Hormann (2010)
Waris Dirie (Liya Kebede) est née en 1965 dans la région de Gallacio, dans le désert somalien. Elle est issue d'une famille de nomades somaliens. À l'âge de 3 ans, elle est excisée. A 13 ans, quand son père décide de la marier avec un vieillard dont elle serait alors la quatrième épouse, la jeune adolescente prend la fuite durant la nuit. Traversant le désert au péril de sa vie, elle atteint la ville de Mogadiscio et retrouve sa grand-mère. Cette dernière lui fait quitter le pays en lui trouvant un poste de « bonne à tout faire » à l'ambassade de Somalie à Londres, chez son oncle. Waris y travaille pendant 6 ans, telle une esclave. Quand la guerre civile éclate en Somalie, l'ambassade ferme et Waris se retrouve livrée à elle-même. C'est alors qu'elle rencontre Marilyn (Sally Hawkins) avec qui elle se lie d'amitié. Cette jeune femme l'héberge et l'aide à trouver un emploi. Travaillant dans un fast food, Waris est remarquée par un célèbre photographe de mode Terry Donaldson (Timothy Spall). Grâce à lui, elle rejoint une agence de mannequins. Elle profite alors de sa célébrité pour dénoncer l'excision.
Genpin - Naomi Kawase (2010)
« La vallée de l'esprit ne meurt jamais, elle se nomme Genpin, la femme mystérieuse » écrit Lao-Tseu. C’est en se référant à cette philosophie que Naomi Kawase, a suivi sur les lieux de son travail l'obstétricien Tadashi Yoshimura. Le Dr Yoshimura, âgé de 78 ans, est à la tête d’une clinique qui accueille de futures mères qui souhaitent un accouchement naturel. Elles viennent pour cela de tout le Japon. En rupture avec les dictats médicaux, il prône pour les femmes enceintes une activité physique soutenue et un accouchement non médicalisé. De réunions préparatoires en confidences transparaît la place des femmes dans la société japonaise contemporaine, la réappropriation de leur corps et de leur histoire. Le docteur Yoshimura, qui a assisté à plus de 20 000 accouchements, est unique au Japon, où seulement 2% des médecins respectent les choix de leurs patientes. Celui-ci, depuis quarante ans, réfléchit sur la relation qu'il y a entre la naissance et la mort, en arrivant à la conclusion que le déni de mort équivaut à un déni de vie. Les vies ne se terminent pas individuellement ou même solitairement, elles sont emportées par l'espèce, qui se perpétue.
Erin Brockovich - Steven Soderbergh (2000)
Mère élevant seule ses trois enfants, Erin Brockovich n'avait vraiment pas besoin d'un accident de voiture. D'autant que le responsable sort du tribunal financièrement indemne. Obligée de trouver rapidement un travail pour couvrir tous ses frais médicaux et de justice, Erin obtient de son avocat de l'employer comme archiviste dans son cabinet. Son allure et son franc-parler ne lui valent pas des débuts faciles mais elle apprend vite. En classant des documents, Erin déterre une affaire louche d'empoisonnement et décide de se jeter dans la bataille.
Dans la forêt (1996)
Nel et Eva, 17 et 18 ans, vivent depuis toujours dans leur maison familiale, au cœur de la forêt. Quand la civilisation s’effondre et que leurs parents disparaissent, elles demeurent seules, bien décidées à survivre. Il leur reste, toujours présentes, leurs passions de la danse et de la lecture, mais face à l’inconnu il va falloir apprendre à grandir autrement, à se batrre et à faire confiance à la forêt qui les entoure, remplie d’inépuisables richesses.
Extrait :« Là, à côté de la maison en feu, elle a exécuté une danse qui se débarrassait de la danse classique comme une peau devenue trop grande et laissait la danseuse fraîche et joyeuse et courageuse. Avec des nouveaux mouvements qui n’avaient pas de noms, elle a dansé la danse d’elle-même, tantôt sauvage, tantôt tendre, tantôt pesante, tantôt sautillante. Sur le sol raboteux, elle a dansé au son de notre maison qui brûlait. Au bout d’un moment, épuisée et exaltée, ma soeur s’est jetée à terre.
Je me demande, a dit Eva en se levant pour recommencer à danser, pourquoi qui que ce soit voudrait marcher sur l’eau… alors qu’on peut danser sur la terre. »