« J’étais à 106kg pour 1m68. A un moment, le médecin avec qui j’essayais de perdre du poids m’a dit qu’il fallait que je me fasse opérer et mettre un by pass. Moi, je n'étais pas convaincue. J’étais une grosse tonique, je faisais plein de choses. Alors oui, je ne correspondais pas aux standards et je n’avais pas le poids idéal mais c’est violent comme opération. Puisqu'on m’avait dit que j’avais des risques d’AVC je l'ai accepté, un peu contrainte.
Un jour je suis allée à une journée d’étude à propos des amputés. Mes filles m’avaient accompagné. J’étais motivée, concernée, bouleversée. Je me suis demandée pourquoi ça me touchait autant et mes filles m’ont dit que j’avais été amputée de mon estomac. Ca m’est tombé dessus comme une évidence. On m’a amputé un peu contre mon gré.
Ce que j’ai retenu de cette journée c’est que j’avais un énorme travail à faire pour reconquérir une image de moi, une estime de moi et faire baisser cette colère aussi, cette colère de la violence. C’est une violence qui m'a sauvé la vie mais en même temps...
Je me suis moi-même faite violence. Se laisser grossir jusqu’à peser plus de 100 kilos, quand on sait que c’est mauvais pour la santé, c’est de l’auto-violence, mais bon… Etre ensuite fustigée là-dessus. C’est violent car j’étais une grosse tonique et je suis devenue une mince molle car si tu ne fais pas de la chirurgie plastique ensuite...
Le médecin me disait : « Madame allez faire du sport, vous devez en faire 4 fois par semaine. » Je lui ai répondu : « Je fais ça comment ? J’ai 4 enfants, j’ai une heure et demi de trajet le matin et le soir, je travaille 8 heures par jour, je fais le sport à quel moment ? La nuit ? ». Il m’a répondu que je devais m’organiser, que si je le voulais, je le pouvais.
C’est ce même médecin qui m’a dit aussi : « Maintenant vous êtes prête, vous pouvez faire de la chirurgie plastique. » J’ai dit « Non je n’en ferai pas ». Il a rétorqué : « Je ne comprends pas. A notre époque, en 2017, les femmes, la séduction ça passe quand même par le corps ». J’étais avec une de mes filles dans son cabinet, elle a failli grimper sur le bureau pour l’attraper par le cou. »