Avant que l’on ne me découvre un cancer du sein, lorsqu’on parlait de prothèses mammaires, je pensais surtout à la chirurgie esthétique. Ensuite, j’ai été confrontée à la mastectomie et au refus pour moi de rester avec ce côté plat.
J’ai eu la « chance » de pouvoir bénéficier d’une reconstruction immédiate avec prothèse. Malheureusement, il s’agissait d’une prothèse PIP frauduleuse dont le gel médical avait été remplacé par du gel de silicone industriel. Mon corps a réagi violemment et de nombreuses complications ont suivi.
Ce scandale sanitaire sans précédent a touché entre 400.000 et 500.000 femmes dans le monde. A la suite de cette affaire, j’ai commencé un blog pour informer au mieux les victimes de cette escroquerie et j’ai beaucoup enquêté à ce sujet.
J’ai constaté qu’il y avait un très mauvais suivi des femmes, aucune info sur les risques et complications, qu’il n’y avait pas de registre qui recense les prothèses afin de prévenir les porteuses en cas de soucis et que les autorités sanitaires qui ne réagissaient que sur alerte or les chirurgiens ne déclaraient pas les ruptures précoces avec ces PIP.
La justice a été débordée par le nombre de victimes. Un procès long et difficile a lieu. Il n’a, dans un 1er temps, traité que la partie « escroquerie et tromperie » sur la marchandise vendue. Un autre, pour « blessures involontaires » est toujours en cours d’instruction.
Enfin, le traitement du scandale par les médias fut à vomir ! Essentiellement axé sur la chirurgie esthétique. Les articles ne parlaient pas des vrais problèmes mais de « bimbos qui avaient voulu des gros seins » et qui l’avaient cherché (moi je faisais partie des « victimes respectables »). Ce sont pourtant ces mêmes médias qui prônent l’image d’un corps parfait.
La majorité des femmes que j’ai connu étaient loin d’être des « écervelées » qui voulaient de gros seins mais plutôt des femmes complexées par leur corps, des mamans dont les seins avaient été abîmés par les grossesses, simplement des femmes qui souhaitaient se sentir « femme ».
Aujourd’hui encore, celles ayant eu recours à la chirurgie esthétique sont stigmatisées. Les mentalités n’ont pas évoluées en 10 ans !